Ecrire, c'est vivre en Ermitage

Publié le 3 Septembre 2016

Au col du Mont Granier (Chartreuse massif)

Au col du Mont Granier (Chartreuse massif)

Ecrire, c’est vivre en Ermitage.

Il est possible que ce texte vous ennuie un peu.

Il peut aussi vous interpeller lorsque vous êtes sur le point de réaliser un projet.

Tous, nous n’avons pas le même besoin de silence, de solitude et d’espace.

Certains s’étioleraient en des temps de trop longue solitude, loin des partages relationnels qui ne sont pas forcément simple bavardage. D’autres ne peuvent vivre et s’épanouir qu’en préservant leur solitude à un degré qui dépasse celui de la normalité.

Je n’entre pas ici dans un développement spirituel car ces deux aspects de l’équilibre entre la communication avec les hommes et l’attrait pour le désert, nécessiteraient un article à part entière, avec les expériences de chacun et les miennes, pour autant qu’elles soient profitables (non dans le sens économique du terme !)

Un jour peut-être.

Ici, je m’attache à la création artistique.

Pour écrire, peindre et formes d’œuvres diverses, quel est ou quels sont vos uniques nécessaires ?

Pour ECRIRE, qu’est-ce qui vous est vital ?

*Questions à réponses nombreuses.

Première constatation, qui rejoint celle de solitude et/ou de la vie parmi les hommes.

Pour moi, écrire, c’est vivre en Ermitage.

Tandis que des écrivains se trouvent à leur aise pour écrire dans des lieux publics comme les cafés, il existe une bonne poignée d’artistes pour lesquels le bruit ambiant est insupportable, les arrivées à l’improviste d’amis, même si souvent bien accueillis, et la pression des rapports sociaux, constituent une barrière à l’action silencieuse de l’écriture.

Car pour eux, la fécondation créatrice peut se vivre n’importe où, dans le sommeil et dans l’action, au milieu de nulle part et au milieu du bruit des cités.

Mais pour l’acte de créer, ils exigent une totale solitude.

Je fais partie de ces êtres qui ferment à clé leur maison, ne répondent plus au téléphone ou du moins regardent le numéro qui s’affiche, de ceux pour qui :

Ecrire, c’est vivre en Ermitage.

Faiblesse pour les uns, force pour les autres…

Chacun voit midi à la porte de faux jugements..

Il est bon de se connaître et d’oser vivre selon ses aspirations.

Si pour écrire, je suis dans un espace clos, un peu comme un sous-marin, paré à plonger, je ne m’enferme pas en moi-même, du moins je suis consciente de ce danger (entre parenthèse, on peut être agité et loin des autres, que ce soit dans la solitude ou dans l’apparente attention d’une conversation mondaine, perdre ainsi le centre qui anime toute acte).

Tout est question de sincérité.

Ecrire, c’est partager.

Or, on ne peut donner de soi et se donner soi que si l’on vous laisse être ce soi, dans le respect de l’ espace vital.

Toujours l’effet balancier

Jim Fergus, à la bibliothèque du Touvet, nous avait dit qu’il ne sortait que pour les courses absolument nécessaires, lorsqu’il rédigeait une histoire dans sa roulotte, quelque part dans la nature sauvage des Etats-Unis, jusqu’à ce qu’il ait terminé l’ouvrage.

(auteur de : la Fille Sauvage, Mille femmes blanches, etc…).

Vous avez sûrement des exemples d’artistes qui viennent à l’esprit.

Vivre en Ermitage ou l’image de l’Ermite

Dans mon cas, il ne s’agit pas d’une réclusion temporelle illimitée, mais d’un retrait temporaire, dans la plupart des jours, avec ¾ quart de temps dans la solitude. Parfois, je romps ce quota et accepte la conversation quand elle nourrit, quand je ressens un appel de l’autre à parler d’un souci. Quand la corde de mon arc risque de se casser, que j’ai présumé de mes forces.

Douloureuse équation.

Si j’en avais la possibilité, c’est au fond des bois, près d’un lac ou d’une cascade, dans une cabane, peut-être pas comme celle de Sylvain Tesson « dans les forêts de Sibérie » (faut de l’entraînement pour casser la glace d’un lac et pêcher !) que je m’établirai plus ou moins dans la durée.

La solitude diffère de l’isolement en cela qu’elle est choisie et non subie.

Ou bien dans la cabine d’un voilier en partance, latitude Nord !

Non, je ne vivrai sans doute pas privée de la compagnie d’un équipage.

A condition qu’il partage un but, un achèvement identique dans la solitude.

La solitude et le relatif silence :

Silence : la nature émet une multitude de bruits qui ne me dérange pas comme le ferait le vacarme régulier d’une tondeuse à gazon, le brouhaha verbal des barbecues en été par exemple, ce qui n’est pas une critique. Je me suis habituée aux machines, moins aux bavardages sous les fenêtres.

Le silence habité de la nature est source d’inspiration et de relaxation.

La solitude physique et intérieure (la plus dure à obtenir au fond ) s’allie au silence interne qui protége l’écrivain (et d’autres hommes en leurs choix de vie retirée ) de tout ce qui les divertit de l’accomplissement de leur tâche.

Non par égoïsme, mais par amour.

Tout ce que l’on fait en cette vie, quel que soit la forme que prennent nos journées, seuls, avec les autres ou les deux à la fois, n’est une œuvre d’art que dans un acte d’amour, libre et libérée des diktats imposés ou que l’on s’impose, pour plaire au lieu d’aimer.

*Différence de taille.

Alors l’écrivain, l’artiste pourra fermer, de façon provisoire, les écoutilles de son domaine et s’avancer vers le monde sans quitter celui auquel il appartient.

​Deux citations, dont l'une me vient à l'esprit aussitôt :

« Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse » Alfred de Vigny

(un peu absolutiste, mais à replacer dans le contexte du poème : la Mort du Loup et la pensée du poète )

« Pour parvenir au sentiment de liberté intérieure, il faut de l’espace à profusion et de la solitude. Il faut ajouter la maîtrise du temps, le silence total, l’âpreté de la vie et le côtoiement de la splendeur géographique. L’équation de ces conquêtes mène en cabane" Sylvain Tesson - Dans les forêts de Sibérie.

A propos de ce livre, j’ai mis plusieurs annotations sur des phrases de l’auteur parce que j’ai ressenti le besoin d’ajouter mon grain de sel sur ce qui me semble en suspens ou me pousse à développer ce qu’il exprime, parfois dans une légère divergence quand sur le reste, j’y trouve un…….

Ce livre est le récit d’une expérience. C’est toujours ce qui me touche le plus.

La mer et son espace de liberté
La mer et son espace de liberté
La mer et son espace de liberté
La mer et son espace de liberté

La mer et son espace de liberté

Rédigé par Isabelle Adam Chen

Publié dans #ECRITS

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